Tous les indicateurs suggèrent que la RV passe au suivi des yeux. Le casque VR autonome de Pico est la prochaine étape vers laquelle des casques comme l’Oculus Quest pourraient se diriger.

Pico Neo 2 Eye
Photo du casque VR Pico Neo 2 Eye

La réalité virtuelle semble avoir subi un recentrage spectaculaire au cours de l’année dernière : elle s’éloigne des PC pour se tourner vers des casques autonomes comme l’Oculus Quest, un projet révolutionnaire.

Lors du CES de Las Vegas, on a essayé un casque VR autonome. Le Pico Neo 2 Eye ne sera peut-être jamais un casque que vous finirez par acheter, mais c’est un signe intéressant pour l’avenir proche. C’est un casque de RV autonome, comme l’excellent Oculus Quest de Facebook. Mais oui, il a aussi un suivi des yeux.

Tobii, une entreprise technologique suédoise spécialisée dans le suivi des yeux, travaille depuis des années à l’intégration de son matériel dans divers casques de RV et de RA, et même dans des ordinateurs (la série Alienware de Dell utilise la technologie Tobii). Le HTC Vive Pro Eye, sorti l’année dernière, a été le premier grand casque de RV à intégrer l’oculométrie de Tobii, mais il a été conçu pour un usage professionnel et il coûte très cher. Le Pico Neo 2 Eye est le premier casque VR à plus petite échelle, utilisant la technologie de Tobii et un SoC Qualcomm Snapdragon 845, une combinaison dont j’ai vu un aperçu pour la première fois deux ans plus tôt.

L’Oculus Quest, aussi étonnant soit-il, utilise un processeur Qualcomm Snapdragon 835 encore plus ancien. Le casque Pico VR a une meilleure capacité graphique sur le papier. Qualcomm a des puces VR encore plus avancées à l’horizon : une nouvelle puce XR2 promet non seulement de meilleurs graphiques, mais aussi un grand nombre de caméras simultanées qui peuvent suivre le monde extérieur… et regarder vers l’intérieur, en suivant votre visage et vos yeux.

Selon Tobii, le suivi des yeux est un élément essentiel de la RV et de la RA à l’avenir, mais il n’est pas encore généralisé. « Nous travaillons avec la majorité des fabricants sur l’intégration du suivi du regard », a dit Henrik Eskillson, PDG et co-fondateur de Tobii. « Les premiers appareils ont été fabriqués en 2019, d’autres en 2020. Nous prévoyons qu’il atteindra les volumes réels de consommateurs, sur la base des engagements que nous avons pris, en 2021. Et puis encore plus d’échelle, et devenir plus ou moins la norme de facto, [en] 2022, 2023 ». Les casques d’entreprise et les casques AR haut de gamme comme l’HoloLens 2 et le Magic Leap ont déjà un système de suivi visuel, mais pour l’instant, aucun produit AR/VR grand public n’en a.

Le suivi du regard peut être extrêmement utile. Tout ce que vous regardez peut être enregistré, ce qui peut certainement aider les applications à se concentrer sur le réglage de l’entrée du contrôleur pour qu’il correspond à ce que vous souhaitez cibler. L’Eye tracking et le suivi des mains pourraient également se combiner de manière intéressante à l’avenir.

Il y a aussi une raison vraiment pratique à l’eye-tracking “suivi des yeux” : il permet de réduire intelligemment le traitement graphique à votre rendu fovéifié, créant une expérience qui semble identique, mais qui taxe beaucoup moins le processeur. Cela signifie que seules les parties de l’image que vous regardez directement obtiennent la résolution et la qualité d’image les plus élevées, tout le reste pouvant économiser des cycles GPU.

Une démo a été essayée avec Tobii et le Pico Neo 2 Eye qui a montré une pièce où des effets graphiques sont appliqués, avec et sans suivi de l’œil. La fréquence d’images est beaucoup plus fluide avec le suivi du regard, ce qui signifie également moins de décalage et moins de nausées.

Les lunettes épaisses ne fonctionnent parfois pas bien avec les anneaux intérieurs des caméras VR de Tobii, mais on espère que les futurs casques VR amélioreront la façon dont la technologie fonctionne avec des lunettes plus épaisses.

Mais aussi, avec le suivi des yeux, il y a des problèmes non résolus qui menacent. Les entreprises pourraient savoir ce qui vous intéresse, pour le ciblage publicitaire ou autre. Le suivi du regard pourrait s’apparenter à une sorte de lecture de l’esprit. Cela soulève toutes sortes de questions sur la protection de la vie privée et le suivi des données. Voulez-vous qu’un traqueur de publicité sache exactement sur quelles parties d’une page web ou d’une vidéo vos yeux sont concentrés ? Comment ces données sont-elles partagées, ou reliées à des informations personnelles identifiables ? Les états émotionnels pourront-ils être enregistrés, ou les entreprises penseront-elles que ces mouvements des yeux indiquent des émotions ? Ce n’est qu’un autre front dans la guerre contre le suivi numérique du comportement.

Oculus Quest utilise un type fixe de rendu fové qui rend simplement le centre de l’écran en plus haute résolution que la périphérie. Il permet également à Facebook de ne pas utiliser l’eye tracking pour l’instant, et la question qui se pose de savoir comment une entreprise comme Facebook va traiter les données de l’eye tracking. Facebook utilise désormais l’activité de RV Oculus pour le ciblage des publicités si vous êtes connecté à Facebook avec un casque Oculus. Comment le eye tracking serait-il géré ? Qualcomm, une entreprise qui a la capacité de suivre des quantités croissantes d’informations via des caméras simultanées sur ses plateformes XR, a une vision pour gérer la collecte de ces données, mais on ne sait pas encore comment cela va se passer.

Il y a aussi une question de coût. Le Pico Neo 2 coûte nettement plus cher avec le suivi visuel (environ 900 euros) que la version sans suivi visuel (environ 700 euros). Et bien que le suivi visuel puisse contribuer à améliorer les performances graphiques, il n’y a pas encore de certitude quant à l’impact sur la durée de vie de la batterie des casques autonomes.

Je continue néanmoins à me demander quand le suivi visuel arrivera sur les casques de RV pour les utilisateurs à domicile, et comment il sera traité. Ce moment pourrait arriver assez tôt, mais il pourrait aussi recentrer les préoccupations sur la vie privée et le suivi des utilisateurs.


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    Publié par Al

    Abdelghafour Lammamri, 27 ans, Rédacteur Web, passionné par le monde des technologies (les smartphones et la réalité virtuelle/augmentée).

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